Remaniement ministériel : avis de recherche pour l’Education et la Petite Enfance

ministère éducation petite enfance

Nous y avons tellement cru…

A la rentrée de la petite enfance en septembre 2023, Aurore Berger, alors Ministre des solidarités de la famille, s’engageait sur différents travaux avec pour objectif de faire avancer les choses.

En effet , nommée dans un contexte très particulier suite au rapport de l’IGAS et des différents scandales liés à la maltraitance dans les crèches , son maître mot était l’ACTION. Elle a déclaré que le moment de la mise en œuvre du service public de la petite enfance était venu. Concrètement cela comprenait:

  • La gouvernance: la ministre a confirmé que les communes seraient les autorités organisatrices de l’accueil du jeune enfant à partir de 2025. Elle a souligné que les communes bénéficieraient de financements inédits pour mener à bien cette mission.
  • La qualité d’accueil: la ministre a mentionné trois missions, notamment la mise en place d’un système de signalement et de suivi des suspicions de maltraitances, le financement des micro-crèches Paje, et la déclinaison concrète de la Charte d’accueil du jeune enfant.
  • La revalorisation salariale: la ministre a exprimé sa volonté de mieux reconnaître, valoriser, et rémunérer les métiers de la petite enfance.

Alors nous y avons cru, elle semblait dynamique et pressée de faire avancer les choses..

Même son de cloche au ministère de l’éducation, la nomination de Gabriel Attal durant le remaniement de juillet semble faire écho à la situation précédente.

Le contexte étant malheureusement similaire , des cas de harcèlements avec une gestion des pouvoirs publics consternante , l’événement tragique d’Arras , des enseignant.es à bout de souffle… Monsieur Attal s’est donc jeté corps et âme dans la bataille, nous y avons tellement cru. En cinq mois il a fait des choix importants, à savoir:

  • Le plan choc des savoirs:

En réponse à la baisse de niveau évoquée dans le rapport PISA ,  le ministre d’alors souhaitait mettre différentes actions en place:

  • Un nouveau programme pour le primaire , des groupes de niveaux en 6ème et 5ème dans le but de faciliter les apprentissages  et le redoublement à la demande des enseignant.es de nouveau possible
  • Il est également question d’adopter la méthode Singapour pour les mathématiques ( le niveau ayant subi une baisse importante) et de donner l’accès aux lycéens à un logiciel d’approfondissement en mathématiques et français utilisant l’intelligence artificielle.
  • Du renouveau pour les collèges:

À partir de la session 2025 du brevet des collèges, l’obtention du brevet sera déterminante pour passer au lycée. Pour les élèves en difficulté une “classe prépa lycée” d’un an sera proposée afin de consolider les acquis et assurer le passage en seconde.

  • Du personnel supplémentaire

Afin de mettre ces différentes mesures en place, le ministre a donc proposé des ouvertures de postes dans le secondaire et limité les suppression dans le 1er degré.

On y a tellement cru, que de beaux projets pour ces secteurs en souffrance qui ont besoin de stabilité et de reconnaissance. L’euphorie fût de courte durée car, six mois et un remaniement ministériel plus tard, les choses sont bien différentes.

La petite enfance est désormais au ministère du travail, de la santé et des solidarités dirigé par Mme Catherine Vautrin. Quant à l’éducation, elle fusionne avec les sports, la jeunesse , les jeux Olympiques et paralympiques sous l’égide Mme Oudéa-Castéra…

Ne doutant pas de la compétence des ces femmes , il est tout de même légitime de se questionner sur l’importance et la diversité de leur ministère.

Quelle place occupe désormais la jeune génération dans notre gouvernement?

Le message que renvoie cette organisation n’est pas pour apaiser un climat déjà tendu. On peut se demander:

Pourquoi les multiples appels au secours des professionnel.les de l’enfance et de l’éducation n’ont ils pas été entendus?

Pourquoi ne prend-on pas au sérieux les revendications concernant les questions de la revalorisation salariale, de la reconnaissance , des conditions de travail ?

Pourquoi avons nous ce sentiment qu’une fois de plus les domaines de l’enfance et de l’éducation passent après?

Ce remaniement ministériel inquiète quant à la reconnaissance des enjeux éducatifs et sociaux. Les derniers rapports concernant ces deux domaines (PISA et IGAS) nous montrent qu’il est temps d’agir. Cela doit être une priorité car ce sont les enfants qui en pâtissent.

 Le changement demande du temps, des questionnements , mais surtout nous avons besoin de représentant.es stables et convaincu.es par la cause et la nécessité d’avancer. Nous avons besoin de porteurs de projets et donc d’espoir.

Les enfants ont le droit d’avoir les meilleures conditions d’accueil de leur petite enfance à leur adolescence . Et cela passe par des professionnel.les épanoui.es , reconnu.es et une (re)structuration du fonctionnement , de l’idée qu’on se fait de l’accueil de l’enfant.

Tout le monde est conscient du travail colossal que cela implique , il est donc primordial d’avoir des pouvoirs publics qui sont pleinement investis dans la cause et pas noyer entre la crise hospitalière et les jeux Olympiques.

Ce tourbillon incessant de changements ministériels laisse donc un goût amer quant à la véritable considération accordée à l’éducation et à la petite enfance. Malgré l’enthousiasme initial, force est de constater que nos secteurs cruciaux sont souvent relégués à l’arrière-plan au gré des remaniements politiques.

Il est temps de réaffirmer que l’éducation, et la petite enfance ( je pourrais également ajouter les centres sociaux qui eux aussi pâtissent de ce remaniement)  doivent être au sommet des priorités gouvernementales . Nous attendons de nos dirigeants de montrer un engagement authentique envers l’éducation, et de reconnaître que l’avenir de notre nation repose sur la qualité de son éducation et de sa petite enfance. Nous souhaitons y croire.