Le 8 mars 2023, Elisabeth Borne, alors Premier ministre, dévoilait son plan interministériel visant à promouvoir l’égalité entre les genres. À l’approche de la Journée internationale des droits des femmes et du premier anniversaire de ce plan, il est nécessaire de s’interroger sur les progrès réalisés dans le domaine de l’éducation. Quelles avancées ont été constatées et les actions entreprises ont-elles été efficaces ?
Des stéréotypes ancrés dès la petite enfance
Revenons d’abord sur les constats…L’école est un pilier essentiel de notre société, façonnant non seulement nos connaissances, mais aussi nos comportements et nos valeurs. Elle prolonge le travail éducatif commencé à la maison et offre aux enfants un environnement propice à l’apprentissage.
Cependant, malgré les progrès réalisés dans la promotion de l’égalité entre les sexes, les inégalités persistent encore. Les stéréotypes de genre, profondément enracinés dans notre culture, peuvent influencer la manière dont les filles et les garçons sont traités dès leur plus jeune âge. Par exemple, le rapport sur l’égalité entre les filles et les garçons dans les modes d’accueil de la petite enfance (Gresy & George) met en évidence cette tendance à orienter les enfants vers des activités en fonction de leur sexe. Les filles sont souvent dirigées vers des tâches domestiques ou maternelles, ce qui renforce leurs compétences linguistiques, tandis que les garçons sont encouragés à explorer des activités plus dynamiques et scientifiques. Malgré les efforts pour briser ces stéréotypes, ils persistent dans notre société et se reflètent parfois dans nos réflexes instinctifs, comme proposer un ballon à un garçon plutôt qu’une poupée.
Un autre exemple frappant se trouve dans le choix des vêtements à la crèche : les filles sont souvent habillées avec des tenues sophistiquées qui demandent une certaine dextérité pour les enlever, tandis que les garçons optent généralement pour des vêtements confortables comme des joggings en coton.
Au-delà de la pratique professionnelle, il est aussi nécessaire de noter l’environnement : la grande majorité des personnes travaillant dans la petite enfance sont des femmes, ce qui perpétue l’idée que s’occuper des enfants est un travail réservé aux personnes de sexe féminin.
Ces pratiques, ancrées dès le plus jeune âge, alimentent les stéréotypes de genre et perpétuent les inégalités.
Des clichés qui persévèrent à l’école
Hé oui même à l’école, les clichés sur les genres sont tenaces. Prenons la récréation, les garçons ont souvent le champ libre pour jouer au foot et à d’autres jeux actifs, alors que les filles restent souvent sur les côtés, près des toilettes, et sont parfois exclues de ces activités.(Edith Maruejouls Géographe, spécialiste des questions d’égalité dans l’espace public, la cour d’école et les loisirs des jeunes).
Est-ce vraiment nécessaire de citer d’autres exemples?
Si, un dernier , parce qu’il est extrêmement parlant , concernant la littérature jeunesse et les manuels scolaires (outils d’apprentissage utilisés universellement et quotidiennement). Dans un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, on constate que cet outil perpétue les stéréotypes: les femmes y sont souvent cantonnées à des rôles traditionnels, avec seulement 3 % des personnages exerçant des métiers scientifiques. De même, dans les livres pour enfants, les garçons sont souvent mis en avant (78% des couvertures d’ouvrage ) avec des images qui montrent clairement les filles à l’intérieur du domicile et mises en valeur via leur apparence. Tandis que les garçons sont à l’extérieur avec des capacités multiples. Ces exemples sont nombreux et démontrent comment nos croyances sont ancrées et perpétrées.
Des stéréotypes intégrés malgré la conscience croissante
Les stéréotypes de genre continuent donc d’influencer nos environnements éducatifs, de la crèche jusqu’au collège, malgré nos efforts pour promouvoir l’égalité. Les professionnel.les, même s’ils ont conscience des différences entre les comportements des filles et des garçons, perpétuent souvent involontairement ces stéréotypes en traitant les enfants différemment selon leur sexe.
Un des grands défis réside dans le fait que la question de la socialisation genrée est souvent ignorée dans la formation des professionnel.les de l’éducation, alors même que les directives officielles visent à combattre ces inégalités. Il est crucial de reconnaître que briser ces stéréotypes n’est pas seulement une question d’égalité, mais aussi de garantir le bien-être des enfants en leur permettant d’explorer toutes leurs possibilités.
Ces stéréotypes ont des conséquences directes sur les enfants, comme le montre une enquête de l’UNICEF : 45% des filles estiment avoir moins de droits que les garçons, tandis que 30,7% des garçons pensent avoir moins de droits que les filles.
De plus, les stéréotypes influencent les choix d’orientation des filles et des garçons. Par exemple, une étude récente montre que les filles se sentent moins confiantes que les garçons dans leurs performances en mathématiques, quelle que soit leur maîtrise du sujet.
Parce qu’il a toujours été dit que les filles étaient “nulles en math”.
Ces chiffres, sont essentiels pour susciter une prise de conscience et nous inciter à agir. Ils montrent que l’éducation à l’égalité n’est pas seulement un objectif à atteindre, mais une réalité urgente à mettre en place.
Des actions concrètes pour un avenir plus égalitaire
La prise de conscience est bien réelle, accompagnée d’actions concrètes pour promouvoir l’égalité entre les filles et les garçons dans les établissements scolaires. Désormais, les établissements du secondaire ont la possibilité d’obtenir la labellisation « Égalité filles/garçons ». Ce label vise à coordonner toutes les actions éducatives visant à favoriser l’égalité dans les enseignements, les activités d’apprentissage, la vie scolaire, ainsi que la formation du personnel enseignant.
De plus, des référents sont désormais mis à la disposition des établissements. Leur rôle consiste à diffuser des informations, mobiliser des ressources et animer des partenariats pour promouvoir l’égalité des genres.
Parallèlement, le plan ministériel pour l’égalité vise à renforcer l’accompagnement en matière d’orientation et à former davantage le corps enseignant sur cette question cruciale. Malgré les défis à relever, des progrès sont en cours. Près de 50 ans après l’adoption de la loi Veil, la France est le premier pays au monde à avoir inscrit dans sa Constitution la liberté de recourir à l’IVG. Ces avancées montrent que l’espoir est permis. En cette Journée internationale des femmes, gardons confiance en notre capacité à promouvoir une société plus juste et égalitaire.