En décembre dernier, l’enquête PISA a fait grand bruit en révélant des résultats décevants sur le niveau scolaire en France.
Cette étude serait-elle le signal d’alarme pour commencer à se questionner sur notre système d’enseignement?
Le rapport PISA en action
Depuis plusieurs années l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) propose une étude sur le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA).
Cette enquête évalue les compétences des élèves de 15 ans dans la lecture, les mathématiques et les sciences à l’échelle mondiale tous les trois ans. Ces évaluations permettent des comparaisons entre les performances éducatives des pays, offrant des informations essentielles pour améliorer les systèmes éducatifs à travers le monde. Les rapports PISA vont au-delà des classements en fournissant des analyses approfondies sur les tendances éducatives, les inégalités socio-économiques et les politiques éducatives. Ces données sont cruciales pour les décideurs, les chercheurs et les éducateurs cherchant à renforcer l’équité et l’inclusion.
Des résultats qui secouent la France
L’enquête rendue en décembre 2023 ( avec une année de retard à cause du COVID) montre que la France, bien que restant dans la moyenne, enregistre une importante baisse du niveau scolaire, notamment en mathématiques .
Les pistes d’explications sont assez révélatrices et prouvent que notre système d’enseignement commence à s’essouffler dans un monde en perpétuel évolution.
Par exemple , en mathématiques, une des justifications concernant nos résultats repose sur le fait qu’en France l’enseignement des mathématiques relève souvent de situations abstraites, or l’enquête de L’OCDE s’appuie sur la capacité des élèves à mobiliser leurs compétences dans les situations de la vie quotidienne, ce qui est donc éloigné de notre vision et a pu être un obstacle pour les élèves.
Concernant la compréhension des textes écrits ( enseignement où,comme les mathématiques, nous nous situons juste au niveau de la moyenne) il a été noté que les élèves ne sont pas habitués à travailler sur une grande variété de supports.
Les textes étant multiples lors de l’enquête, cela a pu mettre les élèves en difficulté. En France, l’apprentissage dans ce domaine repose en grande partie sur l’étude d’œuvres littéraires.
Enfin, ce rapport révèle également que les élèves Français semblent connaître des difficultés à avoir une vision globale d’un texte et un sens critique. Certains attribuent cela à un enseignement trop linéaire , qui suit une progression, ce qui empêche les élèves de mobiliser différentes connaissances et développer un esprit critique qui sort du cadre scolaire.
Doit-on repenser l’éducation?
Il est déjà important de reconnaître le travail des enseignants qui chaque jour se mobilisent et donnent de l’énergie pour les élèves. Ici ce n’est pas leur compétence qui est remise en cause mais bien le cadre dans lequel ils exercent.
L’école doit être repensée , être en adéquation avec le monde actuel. Comment explique-t-on que nous évoluons dans la médecine, les technologies, la recherche mais que l’école, elle, reste sur la même base : des élèves du même âge, assis, face à un enseignant qui dispense les savoirs .
Bien sûr, certaines initiatives sont acceptées , des petites évolutions voient le jour mais tout cela reste minime dans le système traditionnel.
De plus, il est important de rappeler que les écoles continuent d’entretenir les inégalités: le rapport PISA montre que la France est un des pays qui réussit le moins à atténuer l’impact du milieu socio-économique sur les résultats scolaires.
Nos écoles valorisent toujours les enseignements nobles: les mathématiques , le Français, les sciences. Et le reste?
L’art plastique , la musique , la danse , le sport… mais surtout: la bienveillance , l’entraide , la solidarité, la confiance en soi, l’envie de travailler ,de découvrir, de savoir qui nous sommes .
Nous avons encore du chemin à parcourir.
Vers une éducation nouvelle?
Des nouvelles écoles voient le jour et une vision différente de l’éducation se développe.
Dans ces nouvelles pédagogies on retrouve des idées qui font échos aux pistes de travail du rapport PISA.
Par exemple ,dans la plupart de ces écoles , les groupes classes ne sont pas construits en fonction de l’âge , mais en un groupe mixte. ( Avec du recul, à quel moment dans notre vie d’adulte, nous nous retrouvons qu’avec des gens du même âge qui font la même chose? JAMAIS! )
Cette mixité permet de mettre en valeur l’entraide,le partage des connaissances, le tutorat…Et surtout, elle permet de ne pas cantonner un savoir à un âge. Un enfant peut tout à fait être très bon en lecture et peiner en motricité…Et bien, laissons lui le temps d’appréhender son corps et continuons à attiser sa curiosité pour la lecture, sans se dire qu’à tel âge nous devons être à tel endroit dans la courbe des apprentissages.
Les nouvelles pédagogies permettent aussi de développer l’autonomie des enfants en les rendant acteurs de leurs apprentissages , le rôle de l’adulte est différent, l’enseignant n’est pas un maître ou une maîtresse (hors contexte on se dit d’ailleurs qu’appeler quelqu’un maître c’est quand même étrange ! ). L’adulte de la classe est un guide, un médiateur…Il oriente les enfants dans les activités , il leur présente de nouveaux ateliers en fonction de leur avancée dans les apprentissages, il favorise l’autonomie, attise la curiosité et permet aux enfants de cheminer dans leur parcours scolaire.
Dans ces classes les enseignements sont concrets, dès le plus jeune âge on apprend à faire ses lacets , plus tard on travaille sur la résolution de conflits. On organise des sorties afin que les enfants apprennent à parler en public , à rendre la monnaie..
Les règles de la classe peuvent être construites par les enfants , ils découvrent par eux mêmes que les limites sont nécessaires à la vie d’un groupe ( à la vie en générale) ils discutent , ils s’adaptent, ils ne jugent pas.
Ces écoles nouvelles par leur pédagogie développent un regard différent sur le rôle de l’adulte et des enfants, sur les apprentissages et sur l’épanouissement que chacun doit avoir.
Des écoles difficilement accessibles et souffrant parfois d’un manque de contrôle
Malheureusement ces écoles qui font rêver ont un coût et une minorité de personnes y ont accès . En effet , le matériel , le personnel (souvent deux adultes dans un groupe classe dont un bilingue), et les projets coûtent chers. Les frais de scolarité peuvent aller jusqu’à 1200 euros par mois pour un enfant, hors cantine et garderie.
Dans certains pays d’Europe cette vision de l’éducation est la norme et chaque enfant bénéficie d’un enseignement juste , égalitaire, bienveillant, moderne.. En France , cette philosophie n’est envisageable que pour une élite et cela ne fait qu’accroître l’écart entre les différents milieux. Certaines écoles font un effort et pratiquent un tarif au quotient familial , mais il y a encore trop peu d’élus..
Un autre phénomène est apparu avec l’explosion des écoles alternatives (Montessori mais pas que ). Jusqu’en 2018 la réglementation pour ouvrir une école était plutôt légère ; un bac suffisait. Beaucoup d’écoles ont donc vu le jour et malheureusement le contrôle étant lui aussi léger, la qualité de certains établissements était (est?) médiocre . Il est essentiel de rappeler que l’enseignement et l’application des pédagogies alternatives demande énormément de travail, un diplôme et beaucoup de rigueur.
Il faut donc se renseigner au préalable avant d’inscrire ses enfants dans une école qui coûtera l’équivalent d’un smic.
Et si nous unissions nos forces?
Aujourd’hui nous en sommes donc au constat que le système éducatif traditionnel est en pleine tourmente, nous savons ce sur quoi nous devons travailler et nous savons que certaines écoles fonctionnent, que les enfants sont épanouis et scolairement bons (et pas uniquement en dessin).
Alors , peut-être, serait-il temps de s’ouvrir un peu, de se moderniser , de soulager les enseignants, de leur faire confiance en leur laissant davantage de liberté… De comprendre que le potentiel des enfants ne se détermine pas par des notes …
Une résolution 2024?