Courant février “les rencontres régionales écologie et petite enfance” ont permis à de multiples acteurs ( petite enfance, pouvoir publics, PMI, chercheurs, scientifiques) de se questionner , d’échanger sur les liens que nous pouvons créer entre l’écologie et la petite enfance.
Ce besoin de se rencontrer et de fédérer autour de cette problématique est lié à un constat qui ne date pas d’hier.
En 2015, le rapport de l’INVS a révélé qu’une proportion importante d’enfants français âgés de 6 à 12 ans (40%) ne passaient pas de temps à l’extérieur pendant la semaine. Cette tendance était particulièrement prononcée chez les enfants plus âgés, les filles et ceux vivant dans des zones urbaines.
Pourquoi nos enfants ne jouent-ils plus dehors ? Et les adultes par la même occasion?
Quel a été le point de basculement des parents ? Les freins des professionnel.les?
Un repli chez soi
Des pistes d’explications se profilent, le rapport datant de 2015, nous ne pouvons pas excuser ce repli sur soi avec le confinement. Même si nous ne pouvons pas nier qu’il a été un frein aux reprises d’activités et a modifié les habitudes des familles.
Mais la question de “l’hygiène” la peur des virus, des microbes, est antérieure à l’épidémie. Les lieux d’accueil sont devenus aseptisés et les parents également.
Qui n’a jamais entendu : « Ah vous êtes sortis? il est tout sale », « Non, ne saute pas dans les flaques avec tes nouvelles chaussures »… La nature devenait un obstacle à l’éducation que les parents souhaitaient pour leurs enfants.
Les cours de récréation, les crèches se sont « bétonnées ». Les arbres, les bacs à sable, la terre, les potagers ont disparu emportant avec eux toutes les possibilités de jeux.
Enfin, le climat social, malheureusement, n’est pas en faveur de la liberté, les attentats, les faits divers, les parents s’inquiètent et favorisent les activités à la maison.
Le constat est un peu amer …
Les bienfaits de l’extérieur
Pourtant, il n’est plus à prouver que les enfants ont besoin de contact avec la nature. Un exemple parmi tant d’autres : l’Université de Stavanger en Norvège a fait une étude sur l’importance de la nature pour le développement des enfants « Outdoor Activities and Mental Health in Children: A Natural Experiment » (« Activités en plein air et santé mentale des enfants : une expérience naturelle »). Cette étude a révélé que les enfants qui passent plus de temps en contact avec la nature ont une meilleure santé mentale, une meilleure concentration et une meilleure capacité d’attention.
Les chercheurs ont constaté que les enfants qui passent du temps dans des espaces naturels, tels que les parcs, les forêts ou les jardins, ont des niveaux de stress plus bas, une meilleure humeur et une meilleure estime de soi. De plus, ces enfants sont moins susceptibles de développer des troubles de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH). En termes de santé physique, les enfants qui passent plus de temps à l’extérieur sont également plus actifs, ont un risque plus faible d’obésité et ont une meilleure vision. Cette étude montre que la nature est un élément essentiel du développement global des enfants et souligne l’importance de fournir aux enfants des opportunités de passer du temps à l’extérieur.
Il est donc essentiel de pratiquer un retour aux sources pour les adultes (rappelez-vous les petits bonheurs de l’enfance dans la nature ) et de le partager avec les enfants , d’autant que (sans être alarmiste) ils auront un rôle important à jouer dans l’avenir de notre chère planète. Favoriser les activités en plein air leur permet de s’épanouir mais développe aussi d’autres capacités.
Éducation et écologie
En passant du temps à l’extérieur, à observer les plantes, les animaux et les insectes, les enfants apprennent à apprécier la beauté et la diversité de la nature. Cela les incite à vouloir la protéger et la préserver.
Les sensibiliser sur le sujet dès leur plus jeune âge peut avoir un impact significatif sur leur comportement et leurs habitudes à l’âge adulte.
En apprenant à trier les déchets, à économiser l’eau et à réduire leur consommation d’énergie, les enfants prennent conscience de l’impact de leurs actions sur la planète.Ils comprennent mieux les liens entre les actions humaines et les conséquences sur l’environnement, ils adoptent naturellement des comportements plus respectueux.
L’éducation à l’écologie peut aussi aider les enfants à développer des compétences sociales et émotionnelles importantes. En travaillant en équipe pour créer un jardin ou en organisant des activités de nettoyage dans la forêt, sur les plages, les enfants apprennent à coopérer, à se fédérer autour d’un projet important qui a du sens.
Enfin il ne faut pas négliger l’aspect créatif des jeux en pleine nature. Les enfants imaginent , créent , touchent , construisent , échangent , ils n’ont pas la ‘limite” du jouet/jeu manufacturé qui a une utilité propre. Dans la nature avec du bois , des brindilles, des petites bêtes tout est envisageable .
Sensibiliser autour de nous (parents, familles, collègues)
En tant que professionnel.les nous ne devons pas hésiter à sensibiliser les parents sur les pratiques quotidiennes respectueuses de l’environnement. Il faut valoriser ce que nous mettons en place au sein de notre structure et dire qu’à la maison ils peuvent faire de même.
Rappelez les petits gestes simples comme:
Apprendre aux enfants à économiser l’eau en fermant le robinet lorsqu’ils se brossent les dents ou à réduire leur consommation de papier en n’utilisant que la quantité nécessaire, utiliser des sacs en tissu, manger des fruits de saison.
Ils doivent montrer l’exemple en adoptant des petits gestes simples qui deviendront des réflexes. Et surtout expliquer aux enfants la démarche pour que cela devienne logique pour eux.
Enfin, rappelez aux parents qu’il est essentiel de permettre aux enfants de développer un lien affectif avec la nature en passant du temps à l’extérieur. Les bois, les champs, les parcs peu importe, tant qu’ils sont dehors. Pour les inciter à sortir, n’hésitez pas à les rendre acteurs en demandant de ramener du bois, des feuilles, en lançant un rallye photo sur les insectes.
Grâce aux acteurs de terrain, cette ouverture vers la nature se développe de plus en plus, les pouvoirs publics prennent conscience de l’importance de cette reconnexion et valorisent les initiatives qui vont dans ce sens. Les cours “oasis” se multiplient tout comme les écoles en pleine nature (malheureusement payantes). Des labellisations sont possibles pour les crèches et les écoles (label vie, éco-école) et des bourses sont débloquées en faveur des initiatives écologiques.
La balle est dans notre c(h)amp. À nous de jouer.