Les journées pédagogiques sont souvent perçues comme un rendez-vous de fin d’année. Pourtant, bien conçues, elles constituent un véritable levier de cohésion, de motivation et de professionnalisation. Découvrez pourquoi organiser une journée pédagogique est un atout incontournable pour toute équipe éducative.
Dans beaucoup de structures petite enfance ou éducatives, la journée pédagogique est vécue comme une case à cocher dans le calendrier.
On cherche un thème, un formateur, on cale une date… mais on passe à côté de l’essentiel.
Ce que nous montrent les recherches sur le travail collectif (Clot, 2010 ; Falzon, 2014) et sur l’apprentissage organisationnel (Argyris & Schön, 1996), c’est que ces temps peuvent être de véritables leviers pour :
- renforcer l’identité professionnelle partagée ;
- fluidifier les relations entre acteurs (direction/équipe) ;
- produire de l’intelligence collective autour des projets ;
- soutenir le bien-être au travail et la motivation.
Encore faut-il les concevoir comme tels.
Voici pourquoi et comment.
La journée pédagogique : un espace de “travail sur le travail”
On confond souvent la formation et le travail collectif.
Or une journée pédagogique bien construite n’est pas qu’une formation : c’est un “travail sur le travail”.
Il s’agit de permettre à l’équipe de :
- prendre du recul sur ses pratiques ;
- élaborer un langage commun autour de ces pratiques ;
- traiter ensemble les dilemmes, tensions, paradoxes du métier.
C’est ce qu’Yves Clot appelle “le développement du pouvoir d’agir collectif”.
Un levier de construction d’identité collective
Le travail éducatif est un travail hautement relationnel et symbolique.
Pour qu’une équipe fonctionne bien, il lui faut une identité professionnelle partagée.
Une journée pédagogique permet de :
- revisiter collectivement les valeurs professionnelles du projet ;
- produire des repères communs ;
- faire émerger une culture professionnelle.
Exemple concret : lors d’un atelier de journée pédagogique sur la posture adulte face à l’autonomie de l’enfant, nous avons vu des équipes créer ensemble une “charte de l’autonomie” qui a ensuite été affichée dans chaque section et transmise aux nouveaux pros.
Un outil RH sous-exploité
Trop souvent la journée pédagogique est déconnectée de la politique RH de la structure.
Or elle est un levier direct pour :
- la reconnaissance : en valorisant les compétences des professionnels, en les mettant en position de contributeurs et pas de simples “récepteurs de savoir” ;
- la prévention de l’épuisement : en créant des espaces de ressourcement et de régulation collective ;
- la fidélisation : en renforçant l’attachement à une équipe et à un projet.
Dans un contexte de forte tension RH dans le secteur, cet aspect est stratégique.
Une opportunité managériale
Enfin, la journée pédagogique offre un espace où les relations hiérarchiques peuvent être momentanément “aplanies”.
Le rôle de la direction est ici essentiel :
- accepter de se mettre dans une posture de co-participant ;
- utiliser ces temps pour transmettre du sens et de la vision, mais sans posture descendante ;
- écouter les feedbacks émergents.
Les moments informels (repas, jeux, échanges libres) sont ici des espaces de régulation implicite du climat social de la structure.
Une journée pédagogique n’est pas une formation ordinaire. C’est un outil de stratégie RH et de construction d’intelligence collective.
Pour qu’elle joue ce rôle :
- il faut la concevoir en cohérence avec les besoins réels de l’équipe ;
- articuler formation, travail collectif et dynamique RH ;
- la penser comme un levier dans une stratégie managériale plus globale.